À l’intérieur de notre société, la façon d’aborder le phénomène migratoire et les politiques d’immigration est grandement influencée par l’image qu’on a de l’immigration.

Au lieu de concevoir une citoyenneté universelle, il prévaut l’idée d’une citoyenneté nationale, qui établit généralement des différences sur la reconnaissance et l’exercice des droits et des devoirs des personnes. L’écart entre les nationaux et les étrangers se fait constamment sentir, notamment en période électorale ou lorsque des difficultés financières surviennent. Tout cela n’est qu’un symptôme de l’utilisation idéologique et électorale de l’immigration.

L’image de l’immigration qui prévaut est fortement influencée par les clichés et les peurs, principalement favorisée par une propagande qui manipule la réalité. Par exemple, une telle propagande relie l’immigration avec la délinquance ou une perte d’identité culturelle. C’est aussi un problème lorsque les gens considèrent les immigrés comme une simple main-d’œuvre, ce qui peut être résumé comme suit: ils peuvent venir ceux qui dont nous avons besoin.

La doctrine sociale présente la grande importance du travail éducatif de la société, lui permettant de développer une perception mieux adaptée de l’immigration. L’église catholique doit toujours parler du point de vue de la dignité humaine autant que du point de vue des exigences découlant du respect des droits essentiels des personnes.

Selon la doctrine sociale, notre perspective doit être modifiée. Nous devons prendre en considération la valeur de l’hospitalité afin de créer une coexistence meilleure et plus juste.

Il est vrai que l’hospitalité ne résout pas automatiquement tous les problèmes, mais elle peut changer la perspective pour les affronter d’un point de vue humanisé. Il existe un idéal à l’endroit où nous devrions marcher: celui de l’hospitalité inconditionnelle.

Cependant, cette hospitalité doit être concrète dans chaque réalité pour tous les pays et dans le temps, par le biais de lois et de politiques en matière d’immigration. Nous appelons cela l’hospitalité conditionnelle et nous devrions considérer deux choses: le respect effectif du droit à la migration et les possibilités réelles à l’intérieur de la société d’accueil, considérées plus loin que les peurs et les préjugés. La perspective devrait toujours être le fait que les immigrants sont des personnes plutôt que des travailleurs ou des invités indésirables.

La doctrine sociale propose trois idées.

• Tout d’abord, les migrants sont des personnes plutôt que des travailleurs. Leurs droits et devoirs sont les mêmes que ceux de toutes les personnes. Il ne peut exister de discrimination entre nationaux et étrangers. Les migrants ont des droits et des devoirs parce qu’ils sont des personnes et non parce que quelqu’un les leur accorde.
• En second lieu, tous les immigrants ont des droits et des devoirs au-delà de toute discrimination en raison de leur économie ou de leurs origines.
• Troisièmement, le droit le plus essentiel des migrants est le droit même de migrer.

Enfin, il ne faut pas oublier que les migrants ont non seulement des droits mais aussi des devoirs, qui sont l’expression de leur responsabilité envers les autres et pour la vie sociale.

Tous ensemble, nous pouvons concrétiser la vocation humaine de créer une famille unique qui partage, prend en charge et respecte la maison commune.